annuler
Affichage des résultats de 
Rechercher plutôt 
Vouliez-vous dire : 

Rejoignez nous, partagez votre expérience!

Akira Kurosawa : le maître du détail au cinéma

Laetitia_A
Contributeur
Contributeur
2 074  Visites
 Kurosawa-Shared-Link-5.jpg
 
En 1990, Martin Scorsese fut choisi pour incarner Vincent Van Gogh dans la 31ème long métrage de Kurosawa, appelé Dreams ; il décolla alors vers Hokkaido au Japon, heureux de pouvoir travailler avec son héros. A la fin du tournage, il était temps pour Scorsese de rentrer aux Etats-Unis (pour commencer Les Affranchis), et Kurosawa lui remit un cadeau : des dessins qu'il avait fait en regardant des scènes du film. En retour, Scorsese donna à Kurosawa une image, qu’il avait lui-même dessinée des années auparavant, représentant un photogramme de Seven Samurai. Le maître la prit et l’étudia de près en silence, pendant un long moment, puis il se tourna vers Scorsese et lui dit : « L'épée est dans la mauvaise main ».

Kurosawa-and-Scorsese.jpg

Akira Kurosawa utilisait des centaines de ces images lors de la préparation de ses films, et cette approche peut être considérée comme un bon exemple de la rigueur avec laquelle il réalise ses films – 33 en tout, et une œuvre considérée comme l'une des plus électrisantes et brillantes de l'histoire du cinéma. L’attention au détail et la précision sont au cœur de ce qui fait que son travail est si intemporel et transcendant.

Le maître de la narration visuelle

Sa minutie s’étend à tous les aspects de son rôle de cinéaste, de l'écriture à l’édition, en passant par la production et par les rôles, qu'il a incarné ou supervisé au long de ses 52 années de carrière. De cette façon, Kurosawa s’assurait d’avoir un contrôle total sur chaque scène et chaque plan. Contrairement à beaucoup d’autres grands réalisateurs, rien dans son travail n'était laissé au hasard (il se dit même, qu’il aurait personnellement cousu quelques-uns des costumes du film Seven Samurai).

Seven Samurai.jpg

Cette rigueur apporte à ses films une constante pureté d'expression, même dans les configurations les plus compliquées. Par exemple, dans les scènes de bataille de son film de 1985, Jidai-geki Ran, il est remarquable de voir comment l'action est facile à suivre dans ce qui est un chaos total. Des centaines de soldats et de chevaux remplissent le cadre, mais sa capacité à raconter l'histoire au sein de cette mêlée est emblématique de la façon dont son style cinématographique est étudié et détaillé.

[vidéo]

L’importance apporté au détail et le travail de la caméra sont essentiels dans toute l’œuvre de Kurosawa. Pour observer la précision de son langage visuel, il suffit de regarder l'équilibre qu’il y a dans un des plans de Seven Samurai, où tous les personnages principaux partagent le même cadre, mais ne se regardent pas les uns les autres, tous tête baissée de frustration.

Il y a aussi une acuité constante des mouvements dans les films de Kurosawa. Le placement des corps et leur dynamisme sont caractéristiques de ce travail. Sur le tournage de Dreams, Scorsese se rappelle : Je devais dessiner une autre image et la jeter. « Je déchire celle-ci ? », demandais-je. « Non », dit Kurosawa, « Pliez-là, puis faites quatre pas. ». La précision personnifiée.

 

Kurosawa-Portrait.jpg

Une force dominante dans les films

Les personnages dans ses films se déplacent d'une façon unique, maniérée et souvent exagérée – toutes précisément orchestrées par le directeur, afin de créer une narration visuelle la plus simpliste possible.

Kurosawa a dominé tous les aspects du processus de réalisation dans chacun de ses films. Son souci du détail est présent à toutes les étapes de la production, depuis ses magnifiques dessins représentant le concept initial, jusqu’au montage final. Ses films sont eux-mêmes l’expression de sa personnalité et de son dévouement pour la précision, et ils sont parmi les plus inspirants, nuancés et originaux, que le monde du cinéma n'ait jamais connu.