Après vous avoir fait découvrir la série Greetings From Mars de Julien Mauve, nous avons décidé de vous présenter le projet d'un autre membre de la Team Alpha Sony : "Wonderland" par Delphine Millet.
Il y a 3 ans, Delphine a remporté notre grand concours photo Facebook qui offrait la possibilié aux photographes amateurs de rejoindre la Team Alpha Sony. Depuis, Delphine a multiplié les séries photo en se faisant rémarquer par son style unique et très personnel.
Nous avons voulu connaître tous les secrets derrière "Wonderland", sa dernière série photo, en voici une bonne partie
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#1 Nous sommes tombés sous le charme de ta dernière série « Wonderland » que nous présentons ici. Peux-tu nous raconter les dessous de cette série ? Comment est-elle née ?
En Juin dernier, je suis partie en Islande durant 2 semaines. C'est un pays dont les paysages me faisaient rêver depuis quelques temps déjà alors quand des amis photographes de différentes nationalités ont lancé l'idée qu'on se rejoigne tous là-bas pour faire des photos, j'ai tout de suite dit oui ! J'ai même décidé d'y rester plus longtemps que ce que nous avions prévu.
Avec eux, j'ai parcouru le Sud de l'Islande en camping-car et puis la semaine d'après, j'ai repris la route seule, dans un utilitaire aménagé pour dormir.
Cela faisait longtemps que je voulais réaliser une série mais je n'arrivais pas à trouver une idée qui me parle. Dès le premier jour passé toute seule sur la route, j'ai senti que c'était le bon moment, qu'il fallait que je réalise des images pour essayer de montrer la beauté de l'Islande mais aussi ce que je ressentais face à elle. A l'époque, j'étais pleine de doutes, je ne savais pas quelle direction prendre dans ma vie. Découvrir l'Islande, sa nature sauvage, ses paysages qui changent tous les dix kilomètres, m'ont apaisée. Cette série pour moi raconte cela : la certitude que tout change, que rien n'est figé et qu'il faut continuer d'avancer.
#2 On reconnait immédiatement ton style dans cette série. Pourrais-tu nous expliquer comment t’es venue cette idée de te mettre en scène dans tes projets et comment tu arrives avec autant de talent à faire évoluer ce concept au fil de tes projets ?
Après mon diplôme des beaux-arts, quand je suis revenue en Haute-Savoie, j'avais peur de ne plus faire de photographie. Alors je me suis fixée le challenge de prendre une photo mise en scène par jour et à défaut de modèles je posais. C'était plus facile pour moi, je n'avais pas besoin de poser des mots sur ce que je voulais, l'expliquer à quelqu'un, je me laissais guider par mes émotions. Et même si j'ai arrêté ce projet, cette façon de faire est restée.
Mes photos évoluent du coup en même temps que moi. Par exemple pour "Wonderland" j'ai laissé une plus grande place au paysage et j'ai fait des photos plus "simples" dans la mise en scène car dans ma vie en général j'ai davantage envie de grands espaces et de simplicité. J'ai remarqué aussi que mes photos évoluent lorsque j'ai testé entre-temps des choses complétement différentes (des portraits, de la photo de studio, ...), elles se nourrissent vraiment de tout ce que j'expérimente.
#3 Cet exercice doit tout de même être assez compliqué en terme de composition de la photo et de synchronisation. Laisses-tu une part au hasard et à l’inconnu ou tout est parfaitement millimétré ?
Lorsque je crée une image, les premières prises servent de test. J'ai une idée en tête de la composition mais je me laisse la possibilité d'essayer différents cadrages et compositions. Puis je vois ce qui fonctionne sur l'écran de l'appareil, je change quelques détails et je refais encore et encore la même pose jusqu'à ce que je sois satisfaite. Quand je fais la sélection sur mon ordinateur, la différence entre LA photo et toutes les autres est due bien souvent au hasard, le vent qui donne un certain mouvement, l'oiseau qui passe dans le champ... J'aime cette idée que même si je fais attention à chaque détail, je ne peux pas tout contrôler et qu'il puisse y avoir une place pour l'inattendu.
#4 Quel matériel as-tu utilisé pour capturer ces photos ?
Pour capturer ces photos, j'ai utilisé le Sony a7R. Je ne le quitte plus ! C'est tellement agréable d'avoir un appareil petit et léger en voyage sans s'inquiéter de la qualité à l'impression. L'objectif principalement utilisé pour cette série est le 55mm de Zeiss avec sa grande ouverture, mais parfois j'ai utilisé le 35mm. Et enfin mon trépied Manfrotto indispensable pour faire mes autoportraits !
#5 Enfin pourrais-tu nous dire quelle est ta photo préférée et nous raconter une petite anecdote sympa sur les dessous de cette série ?
J'ai du mal à choisir mais ma photo préférée est sans doute celle où je regarde au fond des gorges de Fjadrarglufur, ce canyon recouvert de mousse. Je devais marcher sur une avancée étroite et m'assoir au bord du précipice. J'ai le vertige donc poser pour cette image est un exploit pour moi.
Mon souvenir le plus mémorable est associé à la photo avec l'épave du DC3. Je savais qu'il y avait une carcasse d'avion échoué sur une plage. J'en avais vu des images avant de partir et même si je n'étais pas sûre de m'y rendre j'ai tout de même noté les indications. La carcasse se trouve au milieu de nul part, loin de la route et il faut un 4x4 pour y accéder. Je n'en avais pas. Un soir, je suis passée à côté du panneau qui indiquait sa direction depuis la route. J'avais finalement très envie de la voir en vrai, donc j'ai décidé de marcher pour y aller. Je me suis retrouvée au milieu de nullle part avec juste du sable noir et le ciel gris peu importe la direction où je regardais, à suivre les traces de 4x4. Après 45 minutes de marche, j'ai enfin aperçu un bout de l'avion caché par une dune. Il était passé minuit, j'étais toute seule au milieu du silence avec la carcasse juste pour moi. C'était surréaliste ! Au début je n'osais pas le toucher, m'approcher, de peur qu'il disparaisse. J'ai passé un moment à tourner autour, avant d'enfin prendre des photos.
Du coup sur cette image le personnage est aussi fantomatique que l'avion. C'est vraiment une expérience que je ne regrette pas, même si le trajet du retour m'a semblé beaucoup plus long, et je sais qu'elle n'aurait pas été pareille si j'avais dû conduire pour y accéder.
Découvrez les autres projets de Delphine sur son site internet : www.delphine-millet.fr