La perspective est l'une des armes les plus puissantes de l'arsenal du cinéaste ; sans elle, l'interaction entre l'histoire, la narration et les personnages ne pourrait exister.
Inspiré par le court métrage « Doodlebug », réalisé par Christopher Nolan à ses débuts, notre film tente de créer une boucle paradoxale grâce à l'utilisation de la perspective. Ci-dessous chaque séquence a été déconstruite afin de présenter les différentes approches de la perspective et leurs effets sur le public.
Le personnage principal du film, Sony Boy, a du d'abord être sorti de nos placards – ce personnage promotionnel, introduit sur le marché dans les années 1950, a beaucoup été utilisé par Sony dans ses publicités dès les années 60. Ici, le bonhomme a été placé dans un environnement minimaliste de manière à explorer les effets dramatiques que la perspective peut avoir sur l’audience.
Un même cadre et un même objet, mais sous une perspective différente : selon le point de vue adopté par l’objectif, une configuration simple peut totalement changer.
- Cette perspective centrale place Sony Boy dans l’espace. Cette composition symétrique fournit une base à partir de laquelle le personnage peut évoluer.
- Ce point de vue, appelé « bird’s eye », isole Sony Boy de son environnement et réduit sa corpulence, créant un point de vue inhabituel.
- Ici, la photo a été prise depuis un angle de vue quasiment opposé, offrant une vue en « worm’s eye » sur Sony Boy. Une photo prise à partir d'un angle de vue en contre plongée créée souvent un sentiment de pouvoir et de domination sur le point focal.
- Le personnage se tourne ensuite pour observer un sosie géant de lui même. La position de la caméra et la taille du deuxième Sony Boy créent une impression de puissance.
- Le public observe ensuite une photo prise à partir du point de vue (POV) du plus grand Sony Boy, soulignant ainsi l'isolement et la petite stature du premier Sony Boy.
- Le film revient à une prise de vue depuis l'intérieur de la boîte, laissant imaginer que le grand Sony Boy a fermé le couvercle et soulignant le manque de contrôle du plus petit personnage sur son environnement, ainsi que sa soumission.
- Cette nouvelle perspective place la plus grand Sony Boy dans un nouveau contexte. Il ne remplit plus le cadre et la perspective offre un point de vue inédit sur celui-ci. Pour jouer davantage avec la perspective, Sony Boy fixe l'objectif, plaçant le public dans une situation de collusion : les observateurs sont eux même observés.
- Le cycle se poursuit par le retour à un angle de vue en contre plongée mais avec une trame resserrée, de manière à développer la scène. Cette perspective révèle aussi que le plus grand Sony Boy semble désormais se retrouver dans une situation similaire au plus petit.
- Comme précédemment, Sony Boy se retourne pour découvrir qu'il est également observé par un alter ego plus grand. Un nouveau rapport de pouvoir se forme.
- Un POV resserré est créé pour développer la trame.
- Le retour à une image précédemment utilisée engendre la création d’une nouvelle dynamique de pouvoir entre les Sony Boys.
- Avec cette dernière image, qui montre un gros plan sur le visage de Sony Boy, le cercle paradoxal est bouclé. Le couvercle de la boite se referme sur le personnage, le plongeant dans l'obscurité.
La simple position de l’objectif et les rapports de force des personnages entre eux, peuvent influencer considérablement l’action d’une scène dramatique. Grâce à ces techniques de perspective universelles, un sentiment d’environnement est créé et une interaction entre les personnages se développe.
